Birds of a feather flock together, tout comme les traducteurs ! Après avoir découvert notre passion commune pour les oiseaux, Garen et moi avons eu l’idée de créer un blog bilingue à quatre mains, consacré à l'ornithologie.
Pour démarrer, nous nous sommes pris au jeu de répondre à quelques questions sur notre parcours d'ornitho. Découvrez notamment quels oiseaux boudent nos jumelles, nos espèces fétiches, et ce qui nous a menés à cette passion.
(This article was written in French by Amélie Le Jeune. You can visit her site to read my English translation, Interview with Amélie: Birdwatcher and Translator.)
Bonjour Amélie ! Où vis-tu ?
Bonjour ! Je viens de l’ouest de la Bretagne. J’ai donc surtout l’habitude d’observer les oiseaux marins sur le littoral. Depuis quelques mois, je vis dans le parc naturel régional des Vosges du Nord, un territoire couvert de forêts. Le massif se prolonge en Allemagne avec la forêt du Palatinat et abrite des espèces typiques et peu communes, comme la chouette chevêchette ou le lynx. Mon environnement naturel a donc radicalement changé, et c’est grisant !
Quelles sont tes espèces fétiches ?
Question difficile !
Je dirais le fou de Bassan. C’est un oiseau très élégant, connu pour sa silhouette blanche et effilée. Sa technique de pêche est spectaculaire : il plonge en piqué dans la mer, assomme le poisson, puis le gobe en remontant à la surface. Sa posture aérodynamique a inspiré les concepteurs du Concorde, un bel exemple de biomimétisme.
J’aime beaucoup le hibou grand-duc. J’ai eu la chance de croiser le regard perçant de deux poussins dans le parc national de Monfragüe en Espagne. C’était en plein jour, ils attendaient leurs parents sur une grande paroi rocheuse de l’autre côté de la rivière. J’ai donc pu les observer relativement facilement. Pendant plusieurs années, un couple de grands-ducs a niché dans le clocher d’une église à quelques kilomètres de chez moi. Malheureusement, à l’époque, je n’étais pas encore installée dans la région, mais j’espère qu’ils reviendront.
Quelle est ta réserve préférée ?
Ma réserve préférée est celle des 7 îles, un chapelet d’îles situé au large de la côte de Granit-Rose. C’est là que se concentre la population nicheuse française de macareux, de pingouins torda et de puffins des anglais. Elle est surtout célèbre pour abriter la seule colonie de fous de Bassan de France, et donc la plus méridionale d’Europe. Cette réserve n’est accessible qu’en bateau et il est interdit d’y débarquer. Elle se mérite !
Ma seconde réserve préférée est celle de l’île de Rathlin en Irlande du Nord, gérée par la RSPB. C’est un site idéal pour observer les oiseaux avec des jumelles ou une longue-vue, sans les déranger. Le point d’observation surplombe une anse entourée de falaises où nichent des milliers d’oiseaux marins : macareux, mouettes tridactyles, fulmars… C’est un endroit magique !
Comment t’est venue ta passion pour les oiseaux ?
Lors de la marée noire de 1999, j’ai contacté le centre de sauvegarde de l’île Grande pour proposer mon aide, mais j’étais encore trop jeune pour intégrer l’équipe. Quelques années plus tard, j’ai retenté ma chance et j’ai (enfin) pu devenir bénévole. Les soigneurs étaient des ornithologues chevronnés qui souhaitaient transmettre leurs connaissances. J’ai énormément appris sur la biologie et les comportements des espèces soignées dans le centre.
Par la suite, j’ai été bénévole pour la RSPB sur l’île de Rathlin en Irlande du Nord. Ma mission était de présenter les différentes espèces d’oiseaux aux visiteurs. J’ai adoré partager ma passion en me servant des connaissances acquises quelques mois plus tôt. De plus, j’ai pu observer les oiseaux du matin au soir pendant plusieurs semaines, c’était génial ! Ce sont vraiment ces deux expériences qui m’ont fait découvrir l’ornithologie.
Quelles espèces rêves-tu d’observer ?
Je rêve d’observer un balbuzard.
Actuellement, je cherche un couple de cigognes noires. C’est un oiseau assez rare, qui fait sa réapparition en Alsace. Chaque année, un couple est observé dans la vallée où j’habite, mais il semble bouder le secteur. La cigogne noire est une espèce très discrète, sensible au dérangement et qui fuit les êtres humains. Je vis dans une région calme, donc je garde espoir de la revoir un jour.
Quelle espèce n’as-tu jamais réussi à voir ?
L’épervier. Je n’ai jamais réussi à l’apercevoir.
Quelle est ton anecdote la plus amusante ?
Pendant des années, j’ai essayé d’observer le cingle plongeur en Irlande ou au Royaume-Uni. Comme il est absent de Bretagne, j’espérais le voir à chaque fois que je traversais la Manche. Finalement, je l’ai vu ici en Alsace, à deux pas de chez moi, en allant faire une course. Alors que je le cherchais dans des cours d’eau en pleine nature, je l’ai observé dans la petite rivière canalisée au centre du bourg. C’est amusant, car je l’ai vu dans un lieu banal, à un moment banal.
Pour finir, as-tu quelques conseils à donner ?
Les oiseaux des jardins et les limicoles sont deux groupes d’oiseaux relativement faciles à voir. Pour les espèces moins communes ou pour étudier leurs comportements, il vaut mieux être (très) patient et discret, apprécier la solitude, laisser les animaux de compagnie à la maison et s’équiper de bonnes jumelles, voire d’une longue-vue selon l’espèce ciblée. En général, les oiseaux s’activent au lever du soleil et en fin de journée.
Si vous avez aimé cette interview, n'oubliez pas de lire celle de Garen !